Ce slogan, jamais éructé sans un faux accent wallon, est supposé être celui des fonctionnaires. Il stigmatise la fainéantise intellectuelle de ceux qui attendent juste que la journée soit terminée pour rentrer à la maison, car leur travail (entendez leur utilité sociale) est désinvesti de toute créativité depuis longtemps.
C’est pourtant le cri de guerre de viceland, une revue qui se décrit comme une revue d’origine punk. J’ai découvert sa section « do and don’ts » par des liens sur facebook. A coup de courts billets assassins illustrés de photos cradingues (flash, vue plongeante, arrières plans illisibles, avants-plans brulés), « do and don’ts » fait ce que tous les fainéants intellectuels du monde, qui ont un peu de pouvoir, font : ils érigent leurs humeurs en jugements et trace une ligne arbitraire entre bien et mal, espérant mettre les rieurs de leurs côté, ce qui revient à dire dans les stratégies web 2.0, à mettre les cliqueurs de leur côté.
Cette ligne est fluctuante, le doigt pointé sur vous par les jugements en matière de moeurs et modes d’habillement mènent sans que l’on sache vraiment pourquoi vers l’antique pouce levé ou baissé, un des emblèmes du web des réseaux sociaux. Le fameux « click and forget » aussi léger qu’irrévocable.
Le web produit une expérience assez spécifique, liée au médium lui-même : on y est à la fois solitaire, seul face à l’ordinateur, et ultraconnecté, suivant les stats du site en temps réel. Du coup, certains comportements despotiques se répandent, donnant l’impression d’être dans un café un vendredi soir, dans lequel à chaque minute, un poivrot se lève pour dire à son voisin « toi je t’aime bien » avant de lui administrer une accolade un peu trop appuyée, ou lui postillonne à la gueule un de ces « t’es vraiment qu’un connard » bien senti. Sauf qu’avec le web, le bar est mondial et pas mal de personnes sont debout en même temps.
Les rats stressés consomment plus, disent toutes les études cliniques. La bonne nouvelle, c’est que c’est cool.