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25/10/08

La pégagogie du corail

Categorie(s) : Pensée brute
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La multiplication et l’implication de mes cours m’oblige à réfléchir plus ma pédagogie. Peu féru de lecture au sujet de l’enseignement de l’art, j’ai pris inconsciemment comme base plusieurs postulats, avec le temps.

1) On transmet avant tout la joie pleine de l’expérience de l’art. Vibrer émotionnellement, s’esbaudir, ou rejeter des travaux pour des motifs idiots fait partie intégrante d’une pédagogie de l’art à mon sens, spécialement dans les premières années d’ensignement.

2) On transmet le sentiment de proximité de l’art : l’art qui m’intéresse est appréhendable au moins par une de ses strates, lié à des problèmatiques basiques et connectée à de l’actuel, et cette caractéristique est un des critères des travaux que je montre.

3) L’art est dans la suspension. Du sens, du temps, du jugement : une bonne oeuvre d’art trouble autant qu’elle remplit d’aise ou d’effroi, est indécidable, ce qui lui permet d’être aussi de temps à autre une révélation.

4) L’art produit de la singularité. Autant rien ne fait plus chier que la vision romantique de la solitude de l’artiste, autant je considère comme le job des artistes de produire des figures de singularité, des prototypes d’humains et d’artéfacts. Cela dit, on emploie des médias pour produire et le propre du medium, c’est d’être entre deux, c’est à dire ni moi ni l’autre, ni l’idiosyncrasie ni le cliché.

La pédagogie des arts numériques pose en plus la question de la domination technique, qui est assez complexe à penser dans cette école particulière qu’est l’erg. Et au niveau de son organisation, et au niveau de sa population, il est complexe d’amener un apprentissage technique plat comme le html sans avoir l’impression de trahir les fondements même de cette école. Inconfortable.

Je procède donc avec une pédagogie que l’on pourrait qualifier de coralienne : placer ici et les des éléments en constellation, qui par les dépôts successifs dont ils vont se recouvrir, vont se relier, se conglomérer plutôt, et former un ensemble solide, sur lequel les constellations suivantes se posent.

D’où la manière parfois brutale dont je procède en cours : impossible de reprendre chaque élément, fruit d’une histoire, avec son jargon, ses figures héroïques et sa terminologie dans l’espace-temps imparti, je peux juste rendre proches et familières ces figures. Que ce soit pour le minimal art ou le xhtml, d’ailleurs.
Je ne suis jamais sûr que ce soit le bon choix, mais là comme ailleurs, on est souvent mis au ban de soi-même.

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